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Cette photo a été prise avec un reflex Praktica début août 1980 à Prague au bord de la Vltava devant le Štefánikův most (most signifie pont en tchèque)

 

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Il fallait vraiment en vouloir pour visiter un pays de l'est en pleine période communiste. Les procédures étaient lourdes : visa obligatoire, déclaration du lieu de séjour dans les 48h, ... Mais voilà, mon désir de découverte musicale est plus grand. Très jeune ma passion latente pour la musique se révèle avec la british invasion. Ensuite la découverte de groupes non anglais tels que The Shamrocks (Suède), The Outsiders (Hollande), Sir Henry and his Butlers (Danemark), Q65 (Hollande), Sandy Coast (Hollande), Brainbox (Hollande) et d'autres titillent ma curiosité. En 1968 je découvre dans Paris-Match un article sur l'énorme mouvement rock tchèque qui recense pas moins de 1500 groupes (Olympic, The Matadors, Blue Effect, ...). Mais le déclic viendra en janvier 1971 avec la révélation du Midem : l'ensemble hongrois Ex-Antiquis et son siffleur Tamás Hacki.
Dans un premier temps je songe à visiter Budapest mais par sécurité je préfère Prague parce qu'une de mes cousines y a une connaissance maîtrisant le français. Donc en septembre 1978 je prends un vol Air France pour Prague.
Une fois arrivé, nous prenons un taxi (jaune) pour rejoindre le centre de Prague et trouver un hôtel. Arrêté à un feu rouge, j'observe derrière la vitre la marche rapide des gens sur le trottoir. Ce premier étonnement sera suivi d'un deuxième à la Čedok, l'organisme officiel de tourisme, qui prétend ne plus disposer de chambres, ce qui était faux évidemment. Plus tard je découvrirai ce fléau lié au système : le bakchich. Le chauffeur de taxi qui se doutait bien de l'issue a eu la gentillesse de nous attendre et nous emmener encore essayer dans plusieurs hôtels. Cette situation commençait à m'inquiéter. Finalement le chauffeur de taxi nous proposa de nous héberger; soulagement mais aussi appréhension. En fait il habitait avec sa femme et sa fille un pavillon neuf sur les hauteurs de Prague dans un coin plutôt perdu. Sans être cossu le lieu était confortable. Puis il a décidé de nous ramener dans le centre pour déjeuner. Il était déjà 14h. Il choisit pour nous un excellent restaurant dont la terrasse domine tout Prague. Je découvre alors les fameux knedlicky (sortes de quenelles) servis avec du porc ou du boeuf et une sauce style veneur.
Je ne me souviens plus exactement du programme de la journée mais à chaque fois il convenait d'une heure pour venir nous rechercher.
Nous sommes restés là deux nuits puis avons écumé cinq ou six hôtels pour une, deux voire trois nuits. Le premier fût l'hôtel Harmony (Na Poříčí) qui à l'époque ne s'appelait pas comme cela. J'ai oublié le nom. Nous sommes aussi allés au grand hôtel Europa (Václavské náměstí). Là encore j'ignore s'il avait ce nom en 1978. Apparemment ce luxueux hôtel a fermé ses portes.
Nous avons même logé dans un motel à quelques kilomètres de Prague. Je ne fus pas long à observer que si vous étiez étranger le prix de la course en taxi était d'office surtaxée de 50kčs soit au cours d'alors dans les 24 FRF ou 3.75 EUR supplémentaires. C'était pareil pour le prix des chambres d'hôtel. De surcroît le taux de change était faux. Vous receviez 2,20kčs alors que le cours réel était 7kčs pour 1FRF; une situation absurde favorable au change illégal.
Quelquefois parmi le personnel des hôtels, il y avait des employés qui vous proposaient du change à 4kčs pour 1FRF. Je me souviens notamment d'une personne qui nous a montré un portefeuille d'au moins 5 cm d'épaisseur au moment du change dans la chambre. Toutefois il ne fallait pas exagérer avec ça parce que les tickets de change légal pouvaient vous être demandés.
En ces temps bénis les prix des restaurants étaient ridiculement bas même pour ceux de qualité supérieure : environ 6 FRF (1 EUR). À ce sujet deux anecdotes très étonnantes me reviennent à l'esprit.
Dans Na Příkopě, il y avait un restaurant russe en 1978 (apparemment renommé aujourd'hui Pelikán, si je ne me trompe pas). Un midi nous avons décidé d'y aller. Nous avons dû attendre un peu au bas de l'escalier car il y avait du monde. Une fois installé nous avons vu entrer 3 ou 4 jeunes Allemands en tenue négligée. La chef de salle s'est dirigée vers eux et leur a demandé de lui montrer leurs mains et ongles. Après cette vérification, elle les a jeté dehors. Je pense qu'elle n'a pas supporté de voir des personnes à fort pouvoir d'achat aussi irrespectueuses du lieu.
Un jour nous avons visité la charmante ville de Tábor. Certaines rues, encore en terre, bordées de maisons colorées à fronton donnaient l'impression d'être sorties tout droit d'un conte de fée. Là encore nous avons déjeuné pour 6 FRF dans un restaurant très classe Juste à côté il y avait un bar avec un comptoir en laque roug.e. Alors que nous y prenions un café, nous avons remarqué que des hommes échangeaient de petits papiers avec les deux serveuses, sûrement pour convenir d'un rendez-vous. La prostitution, en théorie interdite, existait bel et bien.
Juste avant de rentrer en France nous avons poussé jusqu'à la ville de Ceské Budějovice qui possède la plus grande place d'Europe. Curieusement le temps s'est considérablement amélioré à partir de ce jour passant de carrément froid à chaud avec un ciel bien bleu. Dommage pour nous de n'être resté plus longtamps car Prague étincelle sous le soleil.

 

 

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Fin juilet 1980 je débarque seul à Prague. Je loge, chez un médecin, dans un grand pavillon à deux pas du terminus de la ligne C de l'époque (Kačerov). Il vit au rez-de-chausée avec sa femme et au premier étage il y a sa fille avec son mari. J'ai une vaste pièce à disposition à cet étage. Je suis séparé de leur chambre à coucher par un salon inoccupé.
J'ai eu beaucoup de mal à retrouver l'endroit. J'ai dû étudier l'historique du métro de Prague, utiliser google earth et d'anciennes photos. Je me souvenais que le pavillon était près d'un virage et d'une autre rue très calme, un lieu sympa et lumineux. Il semblerait donc que j'ai logé au 38 Hornokrčská. Le ravalement nickel de la maison m'a d'abord induit en erreur, de même que ce chemin de terre Kunžacká jadis au milieu de terrains vagues et aujourd'hui bordé de petites résidences. Des arbres ont poussé rendant malgré tout l'endroit encore aéré.
Le lendemain de mon arrivée, la connaissance francophone de ma cousine me convie à visiter l'exposition du caricaturiste Adolf Born qui a lieu dans un bâtiment proche de l'horloge astronomique. Le choc est de taille, le monde imaginaire d'Adolf Born me fascine. Mais la surprise ne s'arrête pas là. Deux ou trois jours plus tard la fille du médecin chez qui je logeais et son mari me conduisent en fin d'après-midi dans l'atelier d'Adolf Born. Se connaissaient-ils? L'homme est très sympathique, très cool, plein d'humour. Je me souviens aussi qu'il faisait une collection de chapeaux (haut-de-forme, claque, melon, ...) comme un vrai capéophile. Il m'a montré une partie de sa production puisque j'étais venu pour ça. Je lui ai acheté deux lithographies à un prix très raisonnable et, avant que nous prenions congé, il nous a offert l'apéro.
Ensuite nous avons repris le métro (ligne C) direction le coeur de Prague. Nous avons croisé un type bien bourré près de la tour Poudrière mais cela n'était rien par rapport à ce que 25 ans plus tard j'ai vu à Tallinn (Estonie). D'immenses boutiques de vente d'alcool avaient pignon sur rue partout dans la ville en 2005 alors qu'à moins de 100 kms de là, à Helsinki (Finlande), c'était presque confidentiel, tout comme en Norvège ou en Islande d'ailleurs.
Au niveau alcool les Tchèques en connaissent un rayon, il faut dire que leurs bières comptent parmi les meilleures du monde surtout les artisanales vendues uniquement dans certaines brasseries. Par deux fois j'en ai fréqunté une fameuse non loin du luxueux lycée russe de Prague sis dans un quartier résidentiel totalement ignoré des touristes. Je ne me souviens plus du nom mais je crois qu'en français ça voulait dire "au matelas" ou quelque chose du même genre. Le lieu était fascinant et désespérément simple : un couloir central, à gauche la pièce où l'on boit, à droite la pièce où l'on pisse, toutes les deux de taille identique. À table chacun avait devant lui un petit papier avec des barres. Chaque barre signifiait un demi de bière bu. La personne devant laquelle je me suis assis la première fois que je me suis rendu ici avait déjà 6 ou 7 barres. La conversation s'engageait facilement en ces temps même si vous aviez un anglais très scolaire. J'ai appris qu'il était batteur mais j'ai aussi compris pourquoi les urinoirs étaient si gigantesques.
Ma citoyenneté française (donc de l'ouest) attirait la curiosité, surtout celle des filles tchèques mais ça c'est une autre histoire.
À chacune de mes venues je ramenais des cadeaux de France. Cette fois là il y avait, entre autres, pour notre connaissance maîtrisant le français, un livre de Milan Kundera (Le livre du rire et de l'oubli) que j'avais recouvert d'une sorte de liseuse en papier par discrétion. Cet écrivain morave natif de Brno avait quitté la Tchécoslovaquie en 1975 pour venir s'installer en France. Tout à fait par hasard en 1981, je découvre son adresse personnelle près de la FNAC Montparnasse. Ses écrits talentueux étaient interdits dans son pays natal pour des raisons qui paraissent vraiment futiles aujourd'hui. D'ailleurs en 1990 son livre "La plaisanterie" sera édité en tchèque dans son pays.
En cette Tchécoslovaquie, pas encore République tchèque, tout était prétexte à boire de la bière avec parfois une sorte de trou normand pour faire une pause si je puis dire. Cet alcool en cause, dit des "chasseurs", se nomme Stará Myslivecká et est très différent de la Slivovice ou de la Becherovka. Un soir revenant d'une de ces beuveries dans une taverne, je marchais longuement dans une interminable rue où selon les indications de mes connaissances je devais trouver une station de métro pour rentrer. Par chance elle est encore ouverte. C'est en arrivant à destination que je m'aperçois que je venais de prendre le dernier métro parce que les employés se sont affairés à tirer les grilles après que tout le monde fut sorti. Je gagne rapidement le pavillon où je logeais. Une fois arrivé au premier étage je croise dans le hall le mari de la fille du médecin qui s'apprêtait à aller aux toilettes. Après un "dobrý večer" d'usage telle ne fut pas ma surprise de le voir appeler sa femme. Elle paraît en peignoir et nous voici tous les trois dans la cuisine à discuter de la journée avec du café et du thé pour nous accompagner. Leur hospitalité est incroyable.
Le lendemain matin, comme tous les matins, je me retrouve dans cette cuisine au sol de bois. Le mari de la fille du médecin me prépare le petit déjeuner. Sa femme est déjà partie travailler alors que lui reste à la maison pour terminer sa thèse d'ingénieur. Nous n'avions aucune langue en commun et pourtant je me sentais très à l'aise avec ce type très cool. Il moulait son café à l'aide d'une antique machine à manivelle accrochée au mur. Les grains broyés dégageaient un super parfum.
Une semaine après mon arrivée une de mes sœurs et ma cousine qui connaissait depuis plusieurs années cette tchèque francophone m'ont rejoint. Nous avons, entre autres, visité le fameux château de Karlštejn.

 

 

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Cette année là je me rends à Prague totalement seul. Je vais y rencontrer plusieurs artistes. Nous sommes en avril 1981. Le temps n'est pas terrible. Deux mois plus tôt je me gelais à Amsterdam. Trois mois et demi plus tard je vais subir une canicule à Budapest. 1981 fait partie de mes années fastes avec de nombreuses rencontres. .

C a K Vocal

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Ce 45 tours date de 1982. Son prix était de 12 CZK soit 5 FRF.
Les 2 titres figurant dessus ainsi que les 2 autres titres du 45 tours à droite ont été réédités en octobre 2017 sur le CD Singly

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Ce 45 tours date de 1984. Mes connaissances ont signé sur la pochette. On peut y reconnaître Ladislav Kantor (le leader), Helena Arnetová (chanteuse et choriste), Jiří Cerha (chanteur). Les 3 autres signatures ne ressemblent pas à celles des autres membres d'origine à savoir Petra Janů, Milena Červená et Luboš Pospíšil, ni même à celles des 9 autres membres qui ont suivi.

 

Les événements se bousculent un peu dans ma mémoire pour cette année là. La copine tchèque francophone est en fait très liée au milieu artistique tchèque et pas seulement musical. C'est ce que je vais découvrir au fil de mon séjour.
Chaque jour nous visitons des amis à elle. Tout d'abord une dingue de Janis Joplin qui nous avait invité pour être mise en relation avec un médecin que ma copine tchèque connaissait. Apparemment cette amie souffrait d'une mycose au bras. Curieusement j'avais eu la même chose quelques semaines avant sur une jambe et avais encore le tube de Pevaryl sur moi. Le médecin chez qui nous nous sommes rendus et qui logeait dans un superbe pavillon avec une porte d'entrée très large pour permettre à un piano à queue de passer fit un diagnostic analogue. J'apprendrai plus tard que ce médecin avait quitté le pays pour la Suisse avec un de ses enfants et avait été rejoint par sa femme et son autre enfant après. Une sacré stratégie très risquée à l'époque!
Un autre jour nous rendons visite à un de ses copains un peu perdu d'avoir été abandonné par sa girlfriend. Il y avait un rapport entre lui et la chanteuse américaine Melanie (Melanie Safka) mais j'ignore lequel. Des casiers où était rangé un nombre impressionnant de cassettes audio de musique country faisaient tout le tour de la pièce principale. Il recevait ces cassettes enregistrées de connaissances vivant aux USA.
Par un après-midi nuageux et ensoleillé à la fois nous nous rendons dans un lieu très sympa de Prague chez une nommée Jana Truksová, lithographe et peintre de son état. La fille est très belle et apparemment intéressé par moi parce qu'elle demande ma date de naissance et se lance dans des calculs invraisemblables. J'ai cru comprendre qu'elle était la cousine du pianiste de jazz Martin Kratochvíl. En face de chez elle il y a une sorte de ferme fortifiée au milieu de la verdure. Ce soir nous allons rejoindre leur copain chanteur et musicien Vladimir Mišík à un concert. Durant tout le concert Jana est occupée à ses calculs. Après le concert elle en conclue que je suis Napoléon. Bon et à part ça! Nous attendons Mišík et retournons tous les quatre chez Jana. L'alccol commence à couler. Vladimir, Alena et Jana se mettent à parler anglais pour que je comprenne mieux ce qu'ils racontent mais mon niveau trop faible par rapport à eux m'empêche de participer pleinement à la conversation. Jana commence à perdre le sens de l'équilibre, son verre penche sans qu'elle s'en rende compte. Il est déjà tard, nous devons rentrer. Nous trouvons un taxi. Je me retrouve seul avec Vladimir Mišík et m'aperçois que je n'ai plus de couronnes tchèques sur moi seulement des deutsche marks. Je ne sais comment m'acquitter de ma part. Finalement Vladimir qui doit descendre avant moi paie toute la course. Cet événement m'a beaucoup ennuyé car non seulement j'assiste gratuitement à son concert mais en plus il me paie le taxi. Quelques semaines plus tard en France j'acheterai deux albums vinyles et lui enverrai en guise de dédommagement. Je me souviens que l'un de ces vinyles était l'album El rayo-X de David Lindley. Par contre j'ai complètement oublié quel était l'autre album.

En mars de cette année là j'avais acheté une platine cassette SONY TC-K22 (950FRF) pour dédommager la personne qui me prêtait son petit appartement à Prague. Bizarrement je trouvais le son de cette platine excellent, tellement même que je décidais de la garder et d'en racheter une autre. Pourtant je possédais déjà une platine NAKAMICHI 480 (2300 FRF) très performante mais avec une anomalie dans le réglage du freinage.
Cette petite platine SONY nous servira notamment à enregistrer un concert privé de C & K Vocal fin avril 1981. Je ne me souviens plus du lieu mais nous étions une cinquantaine dans la salle dont la chanteuse mythique Hana Hegerová avec probablement son petit ami de l'époque, un type mince tout de jean vêtu. Au fond deux représentants de la sécurité, reconnaissables à leur blouson de cuir noir, surveillaient tout ce petit monde.
Le nom de jeune fille d'Hana Hegerová est Carmen Farkašová qui n'est autre que la forme slave de Farkas signifiant loup en hongrois. La presque totalité de la Slovaquie a été hongroise quasiment du XIème siècle au traité de Trianon (4 juin 1920). Brastislava (Pozsony en hongrois; prononcez Paujôgne) fut même capitale de la Hongrie.

Vers la fin de mon séjour je découvre un aspect du communissme non révélé (est-ce de l'ignorance?) par les médias de l'ouest : la liberté temporaire. En effet un soir nous allons dans une taverne hyper spéciale, au nom là encore oublié (les noms tchèques ne sont pas simples). A partir de 23 heures vous êtes libre de vous éclater, de chanter des chants américains, de faire et dire ce qui vous plaît mais attention à minuit ça ferme. Lors de cette expérience à la tonalité étonnante il y avait une fille à côté de moi, pas mal d'ailleurs, qui commençait à me faire du gringue en anglais malgré la présence de son petit ami. Au terme de l'exaspération, il lui fit comprendre que c'était assez et que maintenant il fallait partir.

Du 1er mai 1981 je revois tous ces petits pionniers aux foulards rouges et de la pluie par intermittence. Malgré de nombreuses connaissances et une bonne ambiance je traîne une impression de vide sentimental qui va s'estomper moins de deux mois après, à Paris, lorsque je rencontre celle qui deviendra ma femme après moult rebondissements.

 

 

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En février 1983 je débarque à Prague avec un copain, un fervent amateur de jazz west coast, collectionneur de vinyles américains. Nous sommes venus en train (en voiture-couchettes), un long voyage somme toute agréable. La conversation entre les voyageurs se faisait facilement. Pas de portables et autres tablettes addictives à l'époque!

J'ai assisté au premier concert de Liboš Pospíšil en février 1983. Comme plusieurs anciens de C a K Vocal, notamment Petra Janů et Helena Arnetová, il décide de faire une carrière solo. Avec le temps les CDs qu'il sortira plus tard seront de mieux en mieux. Outre sa voix très spéciale et reconnaissable, cet artiste se bonifie au fil des ans comme un vieux bordeaux.

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Ce 45 tours date de 1979. Son prix était de 12 CZK soit 5 FRF

 

Après une visite au monastère de Strahov, où j'ai vu le plus petit livre du monde, nous décidons de nous rassasiez non loin de là, à l'auberge Loreta. Il est déjà près de 2 heures de l'après-midi. Il fait froid, il y a encore de la neige dans les rues. Le repas est classique : viande panée, pommes de terre, choux rouge râpé acidulé, cornichons et évidemment bière. Nous sommes en 1983 donc en période communiste, période vigilante sur la qualité des produits. Il paraît qu'aujourd'hui ce lieu est devenu une horreur, un piège à touristes.
Après le repas nous avons continué par les petites rues dont la Nový svĕt (rue du nouveau monde). Là une surprise nous attend. De la musique psychédélique s'échappe par les fenêtres ouvertes du rez-de-chaussée d'un beau bâtiment. De la rue nous pouvons voir à l'intérieur de nombreux tableaux semblant représenter un autre monde justement. L'imagination du peintre était réellement fascinante. Ça faisait presque peur. Une forte odeur d'éther parvenait jusqu'à nos narines. Manifestement ce peintre, complètement shooté avec ses produits, avait l'accord des autorités pour s'adonner à son art.
Les gens libres de leur timing étaient très rares car en ces temps le travail était obligatoire. Les oisifs étaient mis en prison.

Le vendredi 18 février 1983 nous sommes invités chez Vladimir Mišík dans le centre de Prague. L'appartement est vaste mais pas très meublé. Sa femme, une photographe slovaque n'est pas là. Je ne l'ai jamais vu. Vladimir a le sens de l'hospitalité, c'est un type cool très porté sur l'humour et la dérision. Ce soir là je me souviens qu'il y avait chez lui une fille assez jolie avec son chien. J'ai pris quelques photos avec mon CANON AT-1.
Puis nous sommes rentrés en tramway dans l'appartement où nous logions et je n'ai toujours pas compris pourquoi nous nous sommes trompés de sens alors que le tramway se dirigeait dans le sens inverse de notre arrivée. Il nous restait à peine 6 heures pour attraper le train Prague-Budapest. Vers 4 heures du matin nous avons bouclé les valises et sommes partis en quête d'un taxi. Notre optimisme commença à décliner lorsque seuls dans la rue de ce quartier de Libeň aucun véhicule ne passait. Pourtant la nuit Prague était alors sillonnée par de nombreux taxis. Enfin, un arrive. Le type ne se prive pas de nous entuber en DEM puisque nous n'avions plus de CZK. Le train part à 6h30 pour arriver à 16h30, prix du voyage : l'équivalent de 65 FRF (10 EUR). L'arrêt à la frontière tchèco-hongroise dure longtemps à cause du contrôle poussé des visas. Le soir nous prendrons un train express pour Veszprém.
Je ne retournerai à Prague que 20 ans après en 2003. Tous les noms d'artistes de l'époque me reviennent facilement en mémoire, les mélodies aussi.
Beaucoup de nouveaux sont apparus mais les anciens (quinquagénaire et sexagénaire) tiennent encore superbement le coup.

 

 

 

 

 

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